Interview: Manon de @homeinspiration_bymt

 

Manon, c’est une de mes meilleures copines et une de mes plus grandes inspirations. A mes yeux, il était évident que le premier article d’übuntu lui serait dédié.

Cette Liégeoise d’origine est derrière le compte instagram
@homeinspiration_bymt qui compte près de 30K abonnés. Aujourd’hui, elle vit de sa passion. Pourtant, jusqu’à l’année passée, elle travaillait dans la finance et ne trouvait aucun sens ni aucun plaisir dans ce qu’elle faisait.

Découvrez son déclic, comment elle est parvenue à se lancer et les changement que cela a apporté dans sa vie.

 

übuntu: Hello Manon, un énorme merci de partager ton histoire! Pour commencer, peux-tu te présenter en expliquant ce que tu fais dans la vie? 

Hello! Je m’appelle Manon, j’ai 26 ans et actuellement j’ai 3 activités. Je suis créatrice de contenus (influenceuse, mais je déteste ce mot) sur les réseaux sociaux. Je partage essentiellement de la déco et des DIY (décoration à réaliser soi-même chez soi à moindre coût). Je suis rémunérée par des marques pour parler d’elles à ma communauté. Ensuite, je suis coach Instagram: j’apprends à d’autres personnes à optimiser leur compte Instagram afin de gagner en visibilité et de faire grandir leur audience. Enfin, je suis community manager: je gère les réseaux sociaux d’entreprises/entrepreneurs. 


As-tu toujours été attirée par la déco et le digital? 

C’est intéressant que tu me poses la question car je trouve que, pour expliquer une carrière, se plonger dans l’enfance peut apporter pas mal de réponses. En discutant avec des gens, je me suis rendu compte que beaucoup des centres d'intérêts que l’on a en étant adulte sont déjà présents dans nos vies quand on était plus petit. 

En ce qui me concerne, j’ai toujours adoré la technologie. Quand j’avais 4-5 ans, mon papa a acheté son premier ordinateur - sans internet à l’époque - et je passais beaucoup de temps dessus. Entre les jeux et les blogs, je pouvais y passer des heures. Vers 6 ans, je me souviens avoir dit à ma maman qu’un jour j’allais créer quelque chose et que ce serait mon métier. J’avais sûrement déjà un peu la fibre entrepreneuriale haha. En ce qui concerne la déco - ou plutôt les DIY ici -, j’ai toujours été très manuelle. Je faisais des bricolages de l’émission Art Attack tous les dimanches avec ma meilleure pote, je montais les meubles Ikea seule dès mes 10 ans,... Et puis, l’un de mes métiers de rêve étant enfant était de devenir décoratrice d’intérieur. 


Pourtant, tu as fait des études dans une école de commerce. Pourquoi ce choix?

Après les secondaires, au moment de choisir des études supérieures, j’ai été pour la première fois confrontée aux diktats de la société. On m’a tellement mis en tête qu’il fallait choisir un métier avec des débouchés, et surtout grâce auquel j’allais bien gagner ma vie, que j’ai opté pour une école de commerce. Je ne savais même pas vraiment en quoi cela consistait ni ce que j’allais faire comme métier en sortant de là. Ma demi-sœur - qui a 16 ans de plus que moi - avait fait ces études et avait une vie confortable, donc je me suis dit que cela devait être une bonne option. 


Qu’as-tu pensé de tes études? Est-ce que tu avais toujours la déco en tête à ce moment-là? 

En fait, j’ai adoré mes études, mais pas vraiment pour les bonnes raisons. L’ambiance était géniale, et je me suis beaucoup impliquée dans ma faculté - ce qui m’a, soit dit en passant, appris beaucoup de choses - , mais ce qu’on nous apprenait en classe n’avait pas vraiment de sens à mes yeux. Aucun cours ne me passionnait vraiment et je ne voyais pas comment j’allais pouvoir appliquer cela à ma vie, ni ce que j’allais pouvoir faire après. Finalement je me suis accrochée et j’ai terminé mon bachelier. Au moment de choisir mon master, le seul qui me parlait était celui de Digital Marketing car il y avait ce côté créatif et plus humain. Il était hors de question pour moi de me spécialiser dans la finance ou l’audit, cela ne me correspondait pas du tout! Finalement, j’ai bien aimé mon master mais je n’avais toujours pas l’impression d’avoir appris quelque chose de concret et j’étais toujours aussi perdue quant au métier que je me voyais faire après. 

Et puis, arrive le moment où il faut choisir un stage. De nouveau, je me suis laissée guider par « ce qui était bien selon les autres ». J’ai donc décroché un stage dans une grosse boîte de conseil - ce qui, dans le monde des écoles de commerce, est considéré comme le graal -. Durant ce stage, j’ai certes rencontré plein de super personnes, mais je n’ai pas l’impression d’avoir appris grand chose. Après 5 ans d’études, mon travail au quotidien se résumait principalement à corriger des fautes d’orthographe dans des formations. 

Concernant ta question sur la déco, honnêtement, je m’étais sortie cette idée de la tête, sûrement aussi à cause des diktats de la société. En fait, au moment où j’ai du commencer à réfléchir à quelles études supérieures je voulais faire, les deux métiers qui me donnaient le plus envie étaient vétérinaire et décoratrice d’intérieur. Donc à ce moment-là, la déco était bien dans un coin de ma tête. Lorsque j’en ai parlé aux adultes autours de moi, ils m’ont dit des phrases du genre “les gens n’ont pas besoin de décorateur d’intérieur, ils font leur déco eux-mêmes, tu vas galérer à trouver un travail là-dedans.”. Du coup je n’ai pas trop insisté et je me suis dit qu’ils devaient avoir raison, et j’ai sorti cette idée de ma tête. (Et pour vétérinaire si ça t’intéresse, j’adore les animaux mais j’aurais été incapable d’en opérer un).


Comment se sont passés tes débuts dans le monde du travail? 

J’étais toujours aussi perdue au moment de trouver mon premier job. J’avais une immense pression de ne rien trouver car j’avais déjà un loyer à payer donc j’ai postulé à tout va sans vraiment réfléchir. Assez rapidement, on m’a proposé un CDI dans une petite startup de finance (alors que oui, j’avais bien dit que la finance ce n’était pas mon truc). On m'a proposé un job de responsable marketing là-bas, et j’étais sincèrement emballée. J’avais l’impression que je pouvais leur apporter beaucoup. On était seulement deux avec le CEO et dès le premier jour de travail, j’ai compris que j’avais fait le mauvais choix. Je me suis finalement retrouvée commerciale et non pas responsable marketing. Je passais des heures au téléphone à essayer de démarcher des clients, chose que je détestais. Mes compétences n’étaient pas du tout mises à profit. J’étais isolée, seule dans un petit bureau, aucun vrai contact humain. Ce qui me frustrait le plus dans ce job, c’est que je n’avais pas du tout assez de travail. Je commençais vers 9h, et si vraiment j’étais productive, j’avais fini mes tâches vers 10h30. Du coup j’essayais de ralentir la cadence pour tenir jusque midi. L’après-midi, je la passais généralement sur mon téléphone pour m’occuper en jouant à des jeux. Je devais faire acte de présence jusqu’aux environs de 19h sinon mon boss n’appréciait pas. Bref, après 4 mois, j’ai démissionné. Cette expérience, bien que super négative, m’a appris à oser dire « non ». C’est difficile mais quand on le fait, on se sent tellement mieux après. 

A nouveau, j’ai postulé en masse afin de trouver rapidement un autre job. Je me suis alors retrouvée dans une boite de conseil, de nouveau dans le département finance. Oui, je sais, j’ai dit que la finance ce n’était pas mon truc de base mais bon, pour ma défense on m’avait promis un job assez digital. Je me voyais donc implémenter de nouveaux systèmes digitaux dans des banques. Encore une fois, j’ai rapidement compris que je n’allais pas du tout faire cela. Ma première mission était dans une grande banque privée, et mon job consistait à recopier des chiffres d’un écran à un autre. Beaucoup de fun en perspective haha! J’en rigole maintenant, mais à ce moment-là, c’était une autre affaire. 


Du coup, quel a été le déclencheur pour ton changement de carrière? 

En mars 2020, le Covid pointe le bout de son nez. Faute de travail, je me retrouve en chômage Covid durant 6 mois. Au début, je stressais car j’avais peur de me faire licencier. Mais rapidement, je me suis rendu compte que j’étais beaucoup plus heureuse. Je pouvais enfin profiter de la vie, faire des choses que j’aimais et prendre du temps pour moi, sans charge mentale excessive liée au boulot. La petite Manon enfant s’est alors rappelée de son envie « d’inventer quelque chose et d’en vivre ». Je me suis dit que la seule façon pour moi d’être sûre d’aimer mon job était de le créer moi-même. J’ai alors commencé à lire des livres sur l’entrepreneuriat et à écouter des podcasts de personnes ayant changé de vie pour vivre de leur passion.

Mais je ne me retrouvais pas dans tout cela car je considérais que je n’avais pas de “vraie” passion. Ce que j’aimais bien faire c’était voyager, sortir avec mes amis, faire du shopping,... J’avais du mal à associer ces centres d’intérêts à un travail. En lisant des livres justement, j’ai appris à me poser les bonnes questions : « Quels métiers voulais-je faire enfant ? » ; « Dans quoi suis-je douée ? » ; « Pour quoi mes proches me demandent souvent conseil ? ». J’ai donc rapproché tout cela et je me suis dit qu’enfant je voulais notamment être entrepreneur et décoratrice d’intérieur, que j’aimais beaucoup passer du temps sur les réseaux sociaux et que mes proches me demandent souvent des conseils en réseaux sociaux et pour tout ce qui est esthétique. 

Mon idée de base était de créer un e-shop de déco. Je me suis dit que vu la situation Covid, ce n’était peut-être pas le bon moment pour se lancer. Je me suis alors dit que j’allais créer un compte Instagram de décoration d’intérieur. Qu’il me permettrait de m’occuper durant cette période de chômage et surtout de me faire connaître petit à petit et que si 1 an après j’avais 1000 abonnés, ce serait déjà 1000 potentiels clients pour mon futur e-shop. J’ai alors réfléchi à un concept innovant pour ce compte Instagram afin de parvenir à me démarquer de tous les autres comptes. Lorsque je cherche des idées pour ma déco, j'ai souvent besoin de regarder d’autres intérieurs pour m’en inspirer. Si je repère par exemple un joli fauteuil, je vais ensuite checker sur Google pour en trouver un similaire. Je me suis dit que beaucoup de gens devaient avoir aussi du mal à trouver leur déco. J’ai donc créé ce concept de compte Instagram où je partageais une photo d’un intérieur, suivi d’articles similaires pour le reproduire. J’ai ensuite souhaité rajouter des DIY car j’aime beaucoup bricoler. Et je me suis dit que beaucoup de monde devait aussi avoir envie de bricoler durant ce confinement.


Et là, assez rapidement, tu fais face à un gros engouement et à un gros succès autour de ta page Instagram… 

Oui, exactement! Contre toute attente, mon compte a très vite plu et pris de l’ampleur. Après 1 mois, j’étais à 1000 abonnés. Après 7 mois, j’étais à 10 000. En parallèle de mon compte Instagram, vu que je recevais beaucoup de demandes de personnes me demandant comment j’avais fait pour faire grandir mon compte aussi vite, et ayant quand même un master en digital marketing que je n’avais jamais vraiment eu l’occasion d’exploiter, j’ai décidé de développer une formation Instagram afin d’aider les autres à améliorer leur stratégie sur les réseaux sociaux. 

En septembre 2021, à mon plus grand désarroi, mon CDI a repris. On m’a changé de mission mais mes nouvelles tâches n’étaient pas beaucoup plus fun que celles de la précédente. Je faisais principalement du secrétariat. En bref, je détestais encore plus que la mission en banque privée. En parallèle, je continuais de gérer ma page Instagram et c’était un vrai bonheur. J’avais la chance d’être en télétravail et de ne pas avoir une charge de travail trop importante pour mon temps plein, et donc de pouvoir allier les deux facilement. Fin de journée, ma deuxième vie commençait vraiment (préparation de mes posts, tournage de mes vidéos DIY,...) et là j’adorais vraiment ce que je faisais malgré le fait que ça ne me rapportait pas un centime. 

En janvier 2021, ma formation était terminée et j’étais à plus de 10 000 abonnés. J’ai pris la décision de me lancer comme indépendante à titre complémentaire, en parallèle de mon temps plein. Je commençais donc petit à petit à réaliser que je pouvais gagner ma vie autrement. J’avais d’un côté un temps plein en CDI où je gagnais extrêmement bien ma vie pour le peu que j’avais à faire, qui était très bien vu par la société mais qui me rendait profondément malheureuse, et de l’autre, un job qui me passionnait, que j’adorais, pour lequel je ne comptais pas mes heures mais qui me rapportait très très peu et qui n’était pas pris au sérieux par la majorité de mes proches. 


Et puis, tu as décidé de te lancer à temps plein dans ton activité et de quitter ton job. Comment cela s’est-il passé? Cela n’a-t-il pas été trop compliqué financièrement? 

En juin 2021, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai décidé de tout plaquer, de quitter ce CDI horrible que je détestais et de me donner à 100% dans mon projet sur Instagram. Ce CDI plutôt bien payé m’avait permis d’économiser une belle somme d’argent et donc d’avoir une sécurité durant les premiers mois.
Et là vraiment, ma vie a changé. Pas que ma vie professionnelle mais aussi ma vie personnelle. Car l’air de rien, lorsque l’on fait un job qu’on déteste, ça empiète sur le personnel. J’étais enfin 100% épanouie, je n’allais plus travailler avec des pieds de plombs, que du contraire. Je faisais quelque chose que j’aimais, dans lequel j’étais plutôt douée, qui apportait du positif aux gens, pour lequel je recevais de super retours. Progressivement, mes proches ont commencé à me prendre au sérieux et comprendre que c’était un vrai métier et que je pouvais en vivre. 

Afin de m’assurer une sécurité financière supplémentaire, j’ai rajouté une corde à mon arc en devenant community manager (donc gérer les réseaux sociaux d’entreprises ou d’autres indépendants). Cela me permet d’avoir des rentrées d’argent plus fixes tous les mois et de ne pas stresser si je n’ai pas de demande de collaborations. Et donc de pouvoir accepter uniquement les collaborations que j’adore. 

Donc depuis juillet 2021, je fais enfin un job que j’aime à 100%. Chaque matin, je me réveille ultra motivée. Je me réjouis de tout: des nouveaux projets, des futures vidéos que je vais réaliser, des futurs posts,... J’ai enfin l’impression d’être à ma place. J’ai trouvé un sens à ma vie professionnelle et je mets à profit mes compétences pour aider les autres. Si un projet ne me parle pas, je peux le refuser sans souci. Et lorsque je me lance dans un projet, une vidéo, une collaboration, je peux laisser libre cours à ma créativité sans être bridée par l’avis d’autres personnes. Je me sens super libre à tous niveaux. 


Qu’est ce qui est différent dans ta vie aujourd’hui suite à ton changement de voie? 

Avant, j’allais travailler le lundi avec des pieds de plombs, je me réjouissais d’être le vendredi soir pour être en week-end. Le week-end, je stressais déjà de la semaine qui arrivait donc je ne profitais pas totalement. Je décomptais les jours avant les prochaines vacances. A présent, je profite de chaque jour, il m’arrive de travailler 7j/7 certaines semaines, de travailler jusque très tard le soir, mais ça ne me pose pas de souci car j’adore ce que je fais. Je peux gérer mon temps comme je le veux donc si un mercredi je suis moins motivée, je peux me dire que je travaillerai le samedi à la place. 

Je me sens beaucoup plus joyeuse en général. Je n’ai quasiment plus eu un seul coup de mou depuis juillet 2021. Ou en tout cas pas de gros coup de mou comme j’en avais souvent avant. Il est vrai que je gagne beaucoup moins bien ma vie, mais en parallèle, je dépense aussi moins mon argent car je n’ai pas besoin de plusieurs voyages par an pour me ressourcer ou d’une tonne de vêtements pour avoir l’impression de me combler de bonheur.


Un mot de la fin pour inspirer nos lecteurs?
Je souhaite vraiment à tout le monde de trouver sa voie comme je l’ai trouvée. Lorsqu’on la trouve, on sait directement qu’on est au bon endroit, au bon moment. C’est une sensation hyper satisfaisante. Et n’oubliez pas de penser à votre « mini-vous »: qu'aimiez-vous faire quand vous étiez enfant, dans quoi étiez-vous doué.e? A cet âge-là, on ne pense pas au facteur argent mais juste à être heureux et faire ce qu’on aime. C’est donc très révélateur pour trouver un job qui nous plait vraiment. Et surtout, n’écoutez pas les gens, croyez en vous. Si vous échouez, ce n’est pas grave, vous aurez quand même appris plein de choses, et ce sera pour mieux vous relever après.

 

Retrouvez Manon sur

Instagram - Facebook - Son blog

Précédent
Précédent

Interview: L’anxiété au travail avec Adrien

Suivant
Suivant

welcome