Interview: L’anxiété au travail avec Adrien
Je connais Adrien d’HEC. En fait, on a fait nos études ensemble mais j’ai seulement appris à le connaître il y a quelques mois. Et j’ai réalisé que l’on avait plein de points en commun. Comme moi, il accorde beaucoup d'importance à se sentir à sa place. Il a besoin de sentir qu’il a un impact positif sur la société et qu’il fait quelque chose qui lui plait. A côté de ça, ce jeune Liégeois a toujours été d’un naturel stressé. Mais quand il a commencé à travailler, cela a pris une toute autre ampleur.
“A la fin de mes études, j’avais déjà la sensation de ne pas être à ma place. Je me demandais ce que je faisais là parce que je savais pertinemment que tous les métiers qu’on allait me proposer ne me conviendraient pas. Quand j’ai commencé mon stage, j’ai fait ma première crise d'anxiété en chemin vers l'entreprise. J’avais une grosse envie de pleurer, un sentiment d’oppression, je sentais que quelque chose n’allait pas mais j’avais du mal à mettre des mots dessus.”
L’entrée dans le monde professionnel n’a pas été une partie de plaisir. Entre les premières deadlines, l’envie de bien faire et la pression de rendre un travail qualitatif aux clients, le perfectionnisme d’Adrien était mis à rude épreuve. Même s’il avait des retours super positifs de ses clients et de ses supérieurs, il sentait bien que quelque chose clochait. Par conséquent et vu que son travail n’était pas en accord avec ses valeurs, les crises se sont intensifiées et sont devenues de plus en plus violentes.
“Je me sentais comme paralisé, j’avais l’impression d’étouffer, des vertiges, des bouffées de chaleur et du coup j’étais incapable de travailler à certains moments. Le télétravail n’a pas aidé. Je bossais dans ma chambre, et j’avais du mal à déconnecter et à avoir un endroit où je ne pensais pas au boulot.”
A ce moment-là, Adrien s’est rendu compte que ça ne pouvait plus continuer. Il a décidé de ne pas renouveler son contrat car il ne gérait plus son anxiété et ressentait un mal-être profond. Il est ensuite passé par une grosse phase de doutes et de remises en question où il a continué de ressentir une certaine anxiété mais différente cette fois.
“Je me demandais constamment ce que j’allais faire de ma vie, je ne savais pas dans quelle direction aller: si je voulais être indépendant ou me trouver un autre job,... Je me sentais bloqué. J’avais l’impression que je ne m’épanouissais dans rien et que je ne prenais même plus de plaisir à avancer dans mes propres projets.”
Ce qui l’a aidé? Prendre le temps de se poser et de définir ce qu’il voulait pour le futur. Il sait que même si tout n’est pas encore comme il le voudrait, il avance vers la bonne direction et qu’il est aligné avec la vision de la personne qu’il veut devenir. Aujourd’hui, il s’est lancé en tant que community manager freelance. Il m’a avoué qu’il sentait qu’il était sur la bonne voie mais qu’il n’était pas encore totalement épanoui. Avancer vers sa vie de rêve est un chemin continu et je suis certaine qu’Adrien arrivera à se créer une vie qui lui convient à 100%. En tout cas, c’est tout ce que je lui souhaite.
L’histoire d’Adrien me touche énormément car je me reconnais dans certains des points. Pendant un bon moment, je ne me suis pas sentie alignée dans mon travail et j’ai expérimenté des crises d’angoisse de plus en plus fortes car je ne voulais pas écouter ce que mon corps me disait. Heureusement pour moi, j’ai fini par entendre les messages et j’ai pris le temps de réfléchir à ce qui me convient vraiment. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux et travailler est devenu un vrai plaisir (qui l’eut cru?).
Du coup, on a réfléchi afin de donner nos meilleurs conseils à ceux qui souffrent d’une situation similaire.
Ne pas hésiter à se faire aider par un professionnel de la santé
Nous nous sommes tous les deux fait aider par des psychologues et nous sommes d’accord de dire que cela nous a été bénéfique. Parler à un spécialiste permet de prendre du recul, de mettre des mots sur ce que l’on ressent et de passer au-dessus de nos croyances limitantes. Adrien a aussi été voir un ostéopathe et un kinésithérapeute afin de mieux comprendre les liens entre son corps et son esprit. Alors clairement, on y croit ou on y croit pas, mais si c’est quelque chose qui vous parle, ça vaut la peine d’essayer.S’essayer à la méditation
Pour tous les 2, la méditation a joué un rôle clé pour calmer notre anxiété. On ne pratique pas tous les jours et on est d’accord sur le fait qu’il ne faut pas se forcer si on sent que ce n’est pas pour nous. Par contre, ça vaut la peine d’essayer plusieurs sortes. Perso, il m’est incapable de méditer toute seule mais j’adore utiliser l’app 7Mind (qui propose de courtes méditations guidées) quand je me sens stressée.S’ouvrir au développement personnel…
Être mal dans notre peau nous a ouvert à toute une nouvelle source de ressources: les livres, podcasts, sites,... de dev perso. Clairement, c’est une chouette démarche car le but est d’apprendre à mieux se connaître et à réaliser que l’on a la capacité de réaliser nos rêves et de devenir une version de nous-même qui nous plaît.… Mais pas à tout prix
Mais attention, comme partout, on peut entendre tout et son contraire dans les contenus de développement personnel. Il est donc préférable de bien choisir ce que l’on consomme et de ne pas être dans une remise en question constante car cela pourrait renforcer l’anxiété. La clé est d’arriver à lâcher prise mais c’est un apprentissage difficile et on y travaille toujours tous les 2.Miser sur le sport
Pour Adrien, le sport est une des choses qui l’aide le plus.. Dès qu’il ressent un trop plein, il s’active afin de se défouler et de faire sortir le trop plein d’énergie. Pas besoin de tout un attirail, une paire de basket suffit. Pour moi, le yoga a été une révélation. J’ai toujours eu du mal à avoir une routine sportive régulière car je voyais cela comme une “corvée”. Avec le yoga c’est différent. Dès ma première semaine de pratique, j’ai ressenti des effets vraiment grands sur mon anxiété et mon bien-être en général. Encore une fois, pas besoin de prendre un abonnement dans un studio: il existe plein de cours en ligne gratuits et même des abonnements à petits prix pour avoir accès à des cours en live.